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José Antonio Pagola

L’action créatrice de Dieu qui accueille Jésus dans son mystère insondable est un événement qui va au-delà de ce qui constitue notre vie ordinaire. Elle échappe à toute expérience que nous pourrions avoir dans ce monde. Nous n’en avons aucune représentation.
C’est pourquoi aucun évangéliste ne s’est risqué à raconter la résurrection de Jésus. Nul n’a été témoin de l’action transcendante de Dieu. La résurrection n’appartient pas au monde que nous pouvons observer.
C’est pourquoi nous pouvons dire que ce n’est pas, à proprement parler, un « fait historique » comme tant d’autres qui se produisent dans le monde, que nous pouvons constater et vérifier, mais qu’il s’agit d’un « fait réel », qui s’est réellement produit.
Plus encore : pour ceux qui croient en Jésus ressuscité, c’est le fait le plus réel et le plus décisif qui se soit produit dans l’histoire humaine, car il constitue son fondement et sa véritable espérance.

Comment les chrétiens de la première génération parlent-ils de cette action créatrice de Dieu qui ne peut être soumise à l’observation ?
Le langage de Paul est, à cet égard, éclairant. Pour lui, Jésus a été ressuscité par la « force » de Dieu, qui le fait vivre dans sa nouvelle vie de ressuscité.
C’est pourquoi, plein de cette force divine, il peut être appelé « Seigneur », du même nom que celui que les Juifs de langue grecque donnent à Yahvé. Il dit encore qu’il a été ressuscité par la « gloire » de Dieu, c’est-à-dire cette force créatrice et libératrice dans laquelle se révèle sa grandeur.
C’est pourquoi Jésus ressuscité possède « un corps de gloire », qui ne signifie pas un corps rayonnant et resplendissant, mais une personnalité qui dégage la force glorieuse de Dieu lui-même.
Il dit enfin qu’il a été ressuscité par  « l’esprit » de Dieu, par son souffle créateur.
C’est pourquoi son corps ressuscité est un « corps spirituel », pleinement vivifié par le souffle vital et créateur de Dieu.

Les premiers chrétiens pensent que, par cette intervention de Dieu, c’est la résurrection finale qui commence, la plénitude du salut. Jésus n’est que « le premier-né d’entre les morts », le premier à naître à la vie définitive de Dieu.
Il est entré avant nous dans la plénitude qui nous attend aussi. Sa résurrection n’est pas un événement privé qui n’affecte que lui : c’est le fondement et la garantie de la résurrection de l’humanité et de la création tout entière.
Jésus représente les « prémices », le premier fruit d’une récolte universelle. « Et Dieu qui a ressuscité le Seigneur nous ressuscitera nous aussi par sa puissance. » En ressuscitant Jésus, Dieu commence « la nouvelle création ».
Il sort de son mystère et révèle son intention ultime, ce qu’il cherche depuis le début de la création du monde : partager son bonheur infini avec l’être humain.