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Pastorale de l'Engendrement

Une Eglise qui engendre à la Vie.  (d'après un texte de Paul Scolas)

Pastorale d’engendrement ! Cette expression un peu étrange est un appel à renouveler pour nous et pour bien d’autres le regard et l’attitude en pastorale. Deux ouvrages majeurs la présentent :
+ Ph. BACQ et Ch. THEOBALD (sous la dir. de), Une nouvelle chance pour l’Evangile - Vers une pastorale d’engendrement, Lumen Vitae, Novalis, L'Atelier, 2004.
+ Et des mêmes auteurs et aux mêmes éditions : Passeurs d’Evangile - Autour d’une pastorale d’engendrement, 2008.

Ce qui est le plus précieux dans la proposition d'une pastorale d'engendrement, c'est qu'elle conduit à porter un regard neuf sur la donne pastorale d'aujourd'hui. Elle constitue une clé pour lire la situation actuelle et la profondeur des défis qu'elle nous lance. Elle permet un basculement, un passage. Alors que bien souvent nous nous épuisons à tenir ce qui s'écroule, nous voici invités à voir qu'aujourd'hui l'Evangile engendre des hommes et des femmes à la Vie.

De l’encadrement …
Durant des siècles, l’Eglise a conduit sa mission chez nous comme l’encadrement du peuple chrétien tout au long des étapes de sa vie. On peut parler d’une pastorale d’encadrement. Son présupposé majeur, c’est que l’action de l’Eglise s’adresse à un peuple déjà chrétien. Elle est étroitement liée à un certain statut du christianisme dans la société. Celui-ci y est majoritaire, il structure l’ensemble de la vie sociale, la foi se transmet comme un héritage d’une génération à l’autre d’abord au sein de la famille, la catéchèse des enfants est un élément de leur socialisation...L’action pastorale consiste alors à veiller à ce que le plus grand nombre des baptisés «» ce qui lui est proposé: baptême des enfants, catéchisme, communion, confirmation, mariage, funérailles religieuses… et entre-temps, la messe du dimanche, les «pâques»…

Cette pastorale a eu sa pertinence, elle a effectivement engendré à la foi et stimulé une vie de croyant. Ce qui s’est profondément modifié, c’est le présupposé sur lequel elle repose. Ne pas s’en apercevoir conduit à la fatigue et même à la tristesse. On voit les statistiques de la pratique diminuer sans cesse et on ressent surtout de plus en plus que bon nombre de ceux qui se présentent encore aux étapes prévues n'ont pas vraiment été éveillés à l'Evangile comme à une bonne nouvelle qui les touche.

… à l’engendrement
Il ne s’agit pas de proposer un modèle alternatif, mais de retrouver dans les relations pastorales d’aujourd’hui la manière propre à Jésus d’éveiller en annonçant l’Evangile. Il appelle, non à entrer dans un cadre, mais à s’ouvrir à une vie neuve. Ainsi en va-t-il pour les premiers disciples. En les appelant, Jésus ne leur fait pas une obligation mais une promesse: «vous ferai devenir pêcheurs d’hommes» (Mc 1, 17). C’est lorsque l’appel, quel qu’il soit, est lancé comme un appel à grandir en humanité qu’il peut être accueilli comme bon. Et cela, nous pouvons le voir aujourd’hui quand l’Evangile est annoncé avec suffisamment de liberté pour toucher des femmes et des hommes dans leur quête de vie. Cela suppose que nous nous libérions du désir de faire entrer ceux qui se présentent à nous dans le parcours bien défini du chrétien type. Il s’agit plutôt de les rejoindre, avec un infini respect, dans leur existence telle qu’elle est et de leur offrir là, comme un don, le chemin de l’Evangile. Ce chemin retourne une vie, et en ce sens il est exigeant, mais pour l’ouvrir à plus de vie. C’est par une parole que tout commence, une parole qui appelle à naître d’en haut. Une parole qui rend actuelle pour une telle ou un tel la grande Parole créatrice. Et c’est pourquoi le lieu  premier d’une pastorale d’engendrement, c’est l’écoute de la Parole. Plus précisément, ce sont des lieux où l’on se trouve à portée de voix les uns des autres et où l’Ecriture devient une Parole vivante qui concerne nos existences et les invite à renaître. Oser ainsi la Parole, c’est aussi oser prendre la parole et dire l’aujourd’hui de l’Evangile. Un engendrement réciproque se vit alors, la renaissance ne se produit pas seulement des pasteurs s vers les autres. Certains s’y découvrent d’ailleurs appelés à donner à d’autres le goût de vivre l’Evangile.

Une nouvelle figure d’Eglise se fait jour de la sorte, une figure dont les contours restent imprécis. Mais justement, une pastorale d’engendrement se préoccupe moins de cadres, de plans, d’organigrammes, même si elle n’ignore pas qu’il en faut un peu. Elle mise d’abord sur la puissance de l’appel dont est porteur l’Evangile, elle croit que l’Esprit souffle où il veut et elle sait s’émerveiller d’abord de ce qu’il provoque comme naissance d’humanité. Cela implique qu’une véritable pastorale d’engendrement peut se vivre aussi bien au sein d’éléments anciens de la vie pastorale qu’au sein d’initiatives nouvelles. 

Voici quelques liens vers des textes autour d'une pastorale d'engendrement