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La première forme d’expression d’une religion est son mythe, ou son récit fondateur. Le plus souvent, il se déroule dans un temps originel obscur où les dieux disposent le monde. Dans le judaïsme, ce mythe s’est combiné de façon originale et unique avec l’histoire : il devient une histoire de salut qui, après le temps originel, s’est concentré tout entière sur Israël et qui, par-delà ce temps originel légendaire s’est poursuivie jusqu’au temps présent…
Le christianisme primitif n’a pas seulement continué cette histoire : il l’a centrée de façon nouvelle en la référant à un homme unique, Jésus de Nazareth. Il fut compris comme l’accomplissement de l’ensemble de l’histoire biblique qui précède…

La deuxième forme d’expression religieuse est l’éthos. On peut observer dans l’histoire d’Israël une « théologisation » croissante de toutes les normes… Ce ne sont pas seulement les commandements relatifs au culte et un minimum d’éthique fondamentale tel qu’il a été formulé dans le Décalogue qui était ramenés à la volonté de Dieu et légitimés à partir de la Torah, mais toutes les normes… Le judaïsme était fier de façonner ainsi la totalité de la vie à partir de la Torah…
Le christianisme poursuivra [dans une double tendance] : Il radicalisera l’ethos traditionnel…même au-delà de ce qui est socialement contrôlable (cf les antithèses ‘et moi je vous dis…’ du Sermon sur la montagne). Mais face à cette radicalisation, on voit croître la sensibilité au fait qu’il est impossible de les accomplir, ainsi qu’une disponibilité au pardon et à la réconciliation dénuée de tout moralisme…

La troisième forme d’expression religieuse est le rite. Nous rencontrons à nouveau une tension fondamentale caractéristique du christianisme primitif… Il est vrai qu’il mit fin à la pratique séculaire des sacrifices. Il remplaça les anciens rites par des rites nouveaux, le baptême et le repas du Seigneur en particulier. Et pourtant nous discernons la continuation de tendances qui existaient déjà : les deux rites nouveaux visent le pardon des péchés et l’expiation…
S’il n’y a plus d’effusion de sang ni de violence, on assiste à un accroissement de violence dans l’interprétation qui confère à ces rites nouveaux leur surcroit de sens symbolique : le baptême est interprété comme une acceptation volontaire de la mort et comme un ensevelissement symbolique, et que dire du Repas du Seigneur où l’on consomme la chair et le sang du Fils de l’Homme…