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La pastorale d’engendrement


Pastorale d’engendrement. Cette expression a été forgée par un groupe de théologiens français: Philippe Bacq, Jean-Marie Donegani, Christoph Theobald. Par le nom qu’elle porte, il est signifié que cette pastorale a un lien profond avec la naissance. Bien sûr, il ne s’agit pas de la naissance biologique, mais de la nouvelle naissance qu’évoque l’Evangile de Jean.

Une définition

Cette nouvelle naissance est donnée par l’Esprit, dans la mesure où l’homme consent à en recevoir le souffle. Elle est aussi donnée en Dieu (le Père), en qui nous avons la vie, le mouvement et l’être (Actes 17). Elle est encore donnée en Christ, qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. Une naissance trinitaire, en quelque sorte.

En un sens strict, ce n’est donc pas l’Eglise, ni ses ministres qui engendrent ou qui donnent la nouvelle naissance. Que font-ils alors? Ils sont appelés à offrir les meilleures conditions de possibilité pour que cette naissance advienne.

Permettre aux personnes de faire l’expérience vivante du Christ et de l’Esprit. Faire route avec les personnes, pour qu’elles accueillent en elles la présence agissante et vivifiante du Christ dans l’Esprit et qu’ainsi elles trouvent des horizons nouveaux de générosité, d’intelligence et de réconciliation. Offrir les moyens que l’Eglise a reçu, pour que cette naissance soit évoquée et communiquée: le respect de l’homme et l’entraide fraternelle, la vie communautaire, la Parole de Dieu, les sacrements, l’eucharistie. Comme le dit Christoph Theobald, les ministres de l’Eglise sont invités à être les passeurs de la présence du Christ et de l’Esprit.

Deux illustrations

Le deuxième exemple est plus inhabituel. Il ne se passe pas dans le giron de l’Eglise. Il est athématique, en ce sens qu’il n’est pas explicitement orienté sur la présence du Christ, bien que cette présence affleure partout.

Il s’agit d’Etty Hillesum, cette femme juive hollandaise morte à Auschwitz en 1943, dont on connaît la fulgurante évolution spirituelle. Au départ de son journal, elle semble mener une vie assez dispersée, avec des recherches tous azimuts, y compris dans le domaine affectif. Puis, elle fait la rencontre d’un psychologue, spécialiste de la lecture des traits de la main: Julius Spier. Par sa médiation, elle se met à faire une croissance humaine et spirituelle fulgurante, en lien avec le peuple juif, avec Rilke, et même à certains moments avec l’Evangile. Elle échappe aux sentiments de haine et de désespoir; elle entre dans une profonde compassion pour le sort de son peuple et même, ô paradoxe, pour le sort de Dieu lui-même qui semble bien abandonné. Elle devient, dans les pires situations des camps de transit, « le cœur pensant de la baraque« . Elle dit cette parole si profonde: « mon Dieu, tu as fait tout ce que tu as pu ; c’est à nous de garder un peu de toi dans le cœur des hommes« .

Que l’horizon de la vie de l’homme soit la résurrection et non pas seulement les petites patries de cette terre.

Le chemin d’Etty Hillesum est vraiment un chemin de mise debout de la personne, un chemin de résurrection, de croissance devant Dieu et les hommes. Un grand moment d’engendrement, dont Julius Spier fut le passeur, malgré et avec toutes ses limites. La première est la rencontre entre Jésus le Ressuscité et les disciples d’Emmaüs (Luc 24). Les disciples d’Emmaüs sont à terre ; leurs espoirs ont été anéantis par la mort de Jésus. Et pourtant, ils marchent. Il leur reste encore assez de puissance de vie pour pouvoir marcher. Jésus les rejoint et, longuement, fait route avec eux. Il leur explique les Ecritures. Leur cœur devient brûlant ; en quelque sorte, il revient à plus de vie. Ce n’est pas seulement à cause de l’explication des Ecritures mais surtout du fait de la Présence vivante, fraternelle, patiente, chaleureuse de Jésus. Présence qui s’atteste autour de la table par le partage du pain et remet debout avec enthousiasme. Cet épisode évangélique nous indique deux aspects importants de la pastorale d’engendrement: le patient compagnonnage fraternel en Christ mort et ressuscité et le partage (au sens fort de ce mot) des Ecritures et de l’eucharistie.

Le nouvel accent de cette pastorale dite d’engendrement pourrait tenir en un slogan: que l’homme soit mis debout (au sens fort de ce terme, qui fait allusion à la résurrection). Que l’homme puisse accéder à sa dignité et à l’exercice de sa liberté (Galates 5). Et s’il est tombé, que l’homme puisse accéder à la réconciliation qui est une forme de renaissance. Que l’horizon de la vie de l’homme soit la résurrection et non pas seulement les petites patries de cette terre.

Un peu d’histoire

Comment en est-on arrivé à mettre l’accent sur une telle manière de voir la pastorale? Un peu d’histoire peut être utile.

Au point de départ, une crise: celle de la transmission de la foi. Aujourd’hui, la foi et l’identité chrétiennes ne se transmettent que très difficilement. Cette crise n’est pas nouvelle. Déjà, en 1943, Godin et Daniel, en écrivant La France, pays de mission?, avaient tiré la sonnette d’alarme. De larges pans de la société étaient fort éloignés de l’Eglise, en particulier dans la classe ouvrière. Les aumôniers militaires avaient dû constater combien les jeunes hommes avaient oublié le catéchisme de leur enfance. Il fallait alors, dans le langage de l’époque, « reconquérir les masses » ; l’un des moyens privilégiés était l’Action catholique. Visiblement, le projet n’a pas abouti

Affrontée à cette nouvelle donne, l’Eglise s’est orientée dans les vingt dernières années vers une nouvelle stratégie pastorale, qu’elle appelle –du moins en France– la proposition de la foi. L’Eglise se rend compte qu’elle ne peut plus insuffler à la société, voire aux personnes, ce qu’elle tient à transmettre de son identité structurelle, doctrinale et morale. Elle ne peut plus être dogmatique et prescriptive. Elle se risque donc simplement à proposer sa manière de voir le monde, la société, la personne devant la face de Dieu. L’Eglise se rend compte qu’elle ne peut pas s’isoler dans sa tour d’ivoire. Dès lors, elle doit consentir à dialoguer avec les tendances les plus diverses qui traversent les sociétés occidentales. Finalement, l’Eglise se rend compte qu’elle n’a pas réponse à toutes les sollicitations nouvelles de la modernité. Dès lors, elle doit se mettre à chercher avec les autres, en faisant valoir la voix de l’Evangile.

Proposer la foi est donc un acte d’humilité. L’Eglise consent à donner et à recevoir. C’est aussi un acte de reconnaissance du pluralisme des visions du monde et des représentations religieuses. C’est aussi un acte d’offrande de sa propre vision et de sa propre représentation. Proposer la foi, est un acte de patience face à la recherche tâtonnante de chaque homme en son individualité. C’est un acte de respect de la liberté de chaque personne.

Comment proposer la foi?

Proposer la foi est donc une autre manière de faire Eglise, de positionner l’Eglise dans la société et de construire l’identité chrétienne. Plus précisément, comment se réalise la proposition de la foi? En quatre moments qui ne sont pas forcément successifs:

Proposer la foi est un acte d’humilité.

Ensuite, l’offrande de la foi (ou de l’interprétation que la foi donne à la vie). Cette offre de la foi devrait avoir une couleur existentielle, consister en témoignage, plutôt qu’en enseignement. Elle ouvre sur un dialogue. Elle permet un « chercher ensemble » dans la vérité, à partir des convergences et des différences.D’abord l’accueil des personnes, de leurs histoires, de leurs demandes. Cet accueil doit être empathique ou, pour employer un terme plus évangélique, fraternel. Cela signifie qu’il doit permettre d’entrer dans la problématique, le désir, la demande, la quête de l’autre.

La proposition de la foi implique aussi un cheminement. Il ne suffit pas d’une discussion, il faut faire route ensemble. La raison en est que la foi n’est pas seulement une connaissance, pour laquelle suffirait une argumentation. Elle est une vie, qui s’apprend avec d’autres qui essaient d’en vivre et qui par là même en sont témoins. L’Eglise des premiers temps avait magnifiquement compris cela, en inventant des processus de type catéchuménal. Cette intuition commence à être reprise à nouveaux frais aujourd’hui dans le cadre de l’acheminement au baptême, à l’eucharistie, au mariage.

Enfin, si la proposition arrive à sa complétude, elle aboutit au moment de « faire communion ». C’est un moment de célébration, où le cheminement se trouve scellé devant Dieu, où il est en même temps relancé, car la route de la foi n’est jamais finie. C’est aussi un moment ecclésial qui manifeste le caractère communautaire de la route de la foi où tous ont donné et reçu. Même les personnes avec un handicap mental sont parfois des guides pour les catéchistes virtuoses. Chacun reçoit ce qu’il peut et veut. Il établit son identité chrétienne. Il la « bricole », comme disent les sociologues de la religion. Car, aujourd’hui, « la synthèse est dans l’individu« . L’identité n’est pas quelque chose que l’on reçoit, mais le fruit d’une recherche.

Questions à la proposition de la foi

Aujourd’hui, les tenants de la proposition de la foi pensent qu’il faut aller plus loin. Que l’identité chrétienne soit le consentement plus ou moins libre aux prescriptions de l’Eglise ou qu’elle soit le bricolage subjectif du chemin de sens et de bonheur offert en Christ, n’est-ce pas finalement passer à côté de l’essentiel? N’est-ce pas quelque peu égocentrique, au sens littéral de ce mot?

La question était déjà posée dans les années 60. Qu’est-ce que l’essentiel chrétien? Je me souviens que les réponses que j’entendais alors ne m’avaient pas satisfait. On essayait de trouver le spécifique chrétien dans les évangiles, dans les comportements sociaux, dans les déterminations existentielles et morales. On trouvait alors une collection plus ou moins large d’originalités chrétiennes, comme l’amour des ennemis ou la conception d’un Dieu Père. Mais cela ne me paraissait pas bouleverser le cœur.

Aujourd’hui, certains affirment – et j’en suis – que l’identité chrétienne tient dans cette formule de Paul: « Pour moi, vivre, c’est le Christ« . Ou dans celle de Jésus que rapporte Jean: « Demeurez en moi« . Autrement dit, l’identité chrétienne tient essentiellement dans la rencontre intime et vivante avec le Christ. Elle est d’abord une relation interpersonnelle (et mystique) avec Celui qui est le chemin, la vérité et la vie ; une relation qui se joue au plus intime de l’être: « interior intimo meo« , comme disait saint Augustin. Tout le reste en découle: connaissance aimante de l’Ecriture et de la Tradition, rites, sacrements, appartenances communautaires, service des pauvres et de la justice, etc. Une fois que la rencontre est faite, la vie se trouve transformée en Christ ; c’est une nouvelle naissance. Saint Augustin, encore lui, en est un admirable exemple.

Cette affirmation n’infirme pas ce qui a été dit auparavant sur la proposition de la foi. Il faut souvent de longues et tâtonnantes recherches, pour qu’advienne la rencontre bouleversante. Il faut donc que de multiples chemins soient proposés et parcourus, au service de ces recherches. Cette affirmation indique le but ultime de la proposition de la foi: la personne devient vitalement être-en-Christ. Cette approche, théologique bien plus que sociologique de l’identité chrétienne doit prendre une place première. C’est pourquoi, en France comme en Suisse, on se tourne vers ce qu’on appelle la pastorale d’engendrement. En d’autres termes, la pointe de la pastorale devrait viser la nouvelle naissance en Christ qui est comme un engendrement nouveau. Dès lors, la pastorale devrait porter des accents nouveaux. Ce qui devient premier, c’est d’offrir à chacun les conditions de possibilité de cette rencontre intime avec le Christ et de vivre les conséquences qui en découlent: la justice et la charité fraternelle. Seulement les conditions de possibilité, car la rencontre échappe à nos prises ; elle relève du mystère de la personne dans son ouverture à l’Esprit.

Trois piliers indissociables: partager l’Ecriture, relecture de la vie, intériorité.

Pour ce faire, point n’est besoin d’être sainte Monique pleurant pour la conversion de son fils Augustin (même si c’est un bel exemple d’engendrement). Mais le chemin se joue d’homme à homme, de frère à frère, du cœur au cœur dans une rencontre interpersonnelle ou communautaire. Quelque chose de la flamme d’un fou de Dieu – ou d’une communauté de fous de Dieu – va toucher le cœur d’une personne et l’orienter vers le oui à la rencontre du Christ. Rien ne dit mieux cela que cette parole de Maurice Zundel: « Dieu transparaît plus qu’il n’apparaît« . Au travers de ceux qui vivent vraiment en Christ, Dieu transparaît. Il se donne à voir. Il peut toucher le cœur. La possibilité de la rencontre intime trouve une figure ou un visage.

Théologiquement, on retrouve ici la notion d’Eglise sacrement (cf. Lumen gentium 1). L’Eglise est sacrement de la rencontre de Dieu. La personne en Christ, à sa manière, est aussi sacrement de la rencontre de Dieu. L’exigence ici est celle de la sainteté. La pastorale d’engendrement implique donc une manière plus existentielle, plus engagée et même plus mystique de partager la foi. Aider les personnes à se mettre debout dans l’espérance et le pardon réclame un engagement du cœur et de l’esprit.

Quelques pas concrets

La pastorale d’engendrement repose sur trois modes d’accueil et sur trois piliers pratiques.

Premier mode d’accueil: accueillir ce que Christoph Theobald appelle la « foi de quiconque« . De quoi s’agit-il? C’est la foi basique en la vie, en l’orientation positive de la vie, en la vie reçue comme un don qui nous précède et qui peut s’ouvrir sur l’infini. Cette foi, même si elle n’est pas consciente, est présente au cœur de toute personne. C’est cette foi que l’on peut élucider, comme on met à découvert la source. C’est à partir de cette foi que l’on peut commencer le chemin de la nouvelle naissance en Christ. C’est tellement manifeste lorsqu’on a affaire à de jeunes parents. Devant le visage du nouveau-né, leur foi en la vie est manifeste, sauf accident. À partir de là, un chemin peut s’inaugurer. En revanche, si cette « foi de quiconque » n’est pas présente, comment bâtir plus avant?

Deuxième mode d’accueil: l’hospitalité. Pour être plus précis: vivre quelque chose ensemble qui puisse fonder une relation fraternelle. Par exemple, partager un repas et accueillir le questionnement existentiel de l’autre. Comme disent souvent les psychologues, accueillir l’autre comme autre, mais avec patience et chaleur. À cet égard, il est symptomatique de voir que de nouvelles manières de partager la foi, comme Alphalive, mettent un accent très clair sur la convivialité.

Troisième mode d’accueil: la crédibilité. Celui qui accueille doit être crédible. Autrement dit, sa foi doit avoir une épaisseur existentielle, de sorte qu’elle transparaisse, avant même qu’un mot ne soit prononcé. Les attitudes doivent correspondre autant que possible à l’évangile: respect, bonté, pardon, justice, espérance. Celui qui accueille doit oser être lui-même avec humilité et douceur, dans un profond respect de la liberté de l’autre.

Sur le fond de ces trois aspects du mode d’accueil, il importe de développer trois piliers pratiques qui devraient être indissociables: partage de l’Ecriture, relecture de la vie, intériorité.

La sainte Ecriture est parole vivante, comme nous le savons tous. Elle est au fondement de notre foi, bien avant le catéchisme. Le partage de l’Ecriture a quelque chose de vivifiant. C’est pourquoi, on ne peut se contenter d’un enseignement à propos de l’Ecriture. Il s’agit de faire découvrir qu’elle a une influence sur la vie. Il s’agit aussi de donner parole sur la Parole. Chacun doit pouvoir dire ses étonnements, ses questions et surtout ses découvertes existentielles à partir de la fréquentation de la Parole.

La relecture de vie est tout aussi importante. Saint Ignace de Loyola en fut un maître. L’Action catholique l’a développée sous la forme de la révision de vie. Il s’agit de voir ce que je vis, ce qui réjouit, ce qui donne à souffrir, ce que j’espère, de manière très concrète. Et de corréler cette lecture très réaliste avec la Parole de Dieu, pour que cette dernière éclaire ou déplace le sentiment ou l’action quotidienne dans le sens d’un plus grand amour, d’une plus grande justice, d’une plus ferme espérance. Cette relecture de vie s’est estompée dans la pastorale des quarante dernières années. Elle est pourtant nécessaire si l’on veut naître et renaître les yeux ouverts.

L’intériorité enfin. C’est à l’intérieur de l’homme que se vit le cœur à cœur avec Dieu, ainsi que la transmission des énergies divines. Saint Augustin l’a montré avec une force inégalée. Il est donc fondamental que cette intériorité puisse être cultivée. Cela fait partie de la mission de l’Eglise que d’en montrer les chemins au travers d’une prière qui conduit au silence, qui offre le silence comme un contact intime avec Celui qui est la source de toute vie. En ce sens, la communauté de Taizé a trouvé des pratiques très simples et très belles: quelques « ostinati« , une Parole biblique assez brève, un commentaire bref lui aussi, un long temps de silence en commun, et encore quelques « ostinati« , ces chants longuement répétés qui appellent à la profondeur.

Parfois, quand on parle de pastorale d’engendrement, des prêtres et agents pastoraux déclarent: « rien de neuf sous le soleil!? ». Oui et non. Ces pratiques et ces attitudes sont connues, en effet. Augustin, Ignace et tant d’autres en sont les témoins. Mais, tout de même, il y a un changement de paradigme que la société d’aujourd’hui nous invite à faire: passer d’une pastorale enseignante, dogmatique, moralisatrice et prescriptive à une pastorale beaucoup plus inductive qui permette de faire route avec les personnes et de les aider à découvrir les sources de la vie. Mettre ensemble partage de l’Ecriture, relecture de la vie et intériorité, représente vraiment un grand changement pratique, du moins chez nous. Pour que ce changement ait lieu, il faut pouvoir le décliner dans une transformation progressive de notre manière de porter la charge pastorale.

En conclusion, j’aimerais dire que cette pastorale d’engendrement repose sur une parole toute simple de Jésus. Quand sa mère et sa famille viennent le chercher à Capharnaüm, parce qu’ils craignent qu’il aille trop loin, Jésus répond, en s’adressant à la foule: « Qui est ma mère? Qui sont mes frères? Celui qui fait la volonté de mon Père, voilà mon frère, ma sœur, ma mère » (Marc 3, 32). Si nous prenons cette parole dans son sens le plus fort, nous sommes appelés à devenir « la mère de Jésus ». Non pas comme Marie, bien sûr. Mais notre vie et notre action pastorale doivent avoir pour but que la présence vivante de Jésus soit engendrée au cœur de chaque homme, pour son bonheur et son espérance.