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Romano Guardini

La justice est bonne, elle est le fondement de l’existence. Mais il y a quelque chose au-dessus de la justice, c’est la bonté d’un cœur s’ouvrant tout grand et librement.
La justice est transparente, mais un pas de plus et elle devient froide. La bonté, au contraire, à condition qu’elle soit authentique, cordiale, fruit du caractère, réchauffe et libère.
La justice met en ordre, mais la bonté crée…

Regardons la chose de plus près. Le reproche de la justice n’est-il pas fait proprement à la conversion elle-même ? L’homme ankylosé dans la justice approuve-t-il au fond que le pécheur se convertisse ? N’a-t-il pas le sentiment qu’en se convertissant celui-ci sort de l’ordre établi ? Ne serait-ce pas tout à fait correct que cet individu qui a fauté soit définitivement enfermé dans sa faute et contraint d’en porter les conséquences ?... Qu’est-ce que cela signifie que ce vaurien, après avoir tout gaspillé, devienne maintenant vertueux et se tire ainsi d’affaire ?...
Oui, vraiment, plus on réfléchit, plus on comprend clairement que pour le simple sens de la justice, la conversion est un scandale. Mais cette justice court le risque de ne ps voir qu’au-dessus d’elle, il y a le royaume de la liberté et de l’amour créateur, de la force novatrice du cœur, et de la grâce.
Malheur à l’homme qui ne voudrait vivre que dans la justice ! Malheur au monde où ne régnerait que la justice !