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Anne Fortin

Comment comprendre ce que Jésus dit en Jean 16, 23 – 24 : « Ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon Nom. Jusqu’à présent, vous n’avez rien demandé en mon Nom ; demandez et vous recevrez, pour que votre joie soit en plénitude. » Si le Nom n’était qu’un mot comme les autres, il pourrait facilement être utilisé comme un instrument de pouvoir infaillible.
Le texte grec empêche cette déviation car il y est dit : « demander dans le Nom ». Le Nom est un espace à l’intérieur duquel la demande se dit. Ce qui empêche de le manipuler dans un rapport de pouvoir là où il est tentant d’agir « au nom de » en fonction d’un pouvoir délégué dont tous les autres ne bénéficient pas… « Demander dans le Nom » signale un espace de parole, le Nom étant donné dans un souffle et créant une relation.
Le Nom renvoie donc à l’acte même de parler, et c’est à partir de cet acte de parole que le monde prend forme… La relation entre sujets est tissée.
Une fois la parole dite, le sujet n’est plus pareil après, il s’en trouve transformé, lié à l’autre. Il doit répondre de son engagement. A cet égard, toute parole est une promesse de relation à tenir. Le don du Nom signale ainsi la fonction même du langage qui est un don de relation plutôt que transmission d’information.
Demander, certes, mais que demander ? Demander en ce lieu du Nom consiste à demander d’entrer en relation. L’acte de demander inscrit dans la relation et permet d’être ainsi libéré de ce qui oppresse et isole : la violence silencieuse, l’agression muette, la colère sourde. Demander dans le Nom permet, dans la relation soudée par la parole, de vivre ans l’absence où tout ne se dit que dans une brise légère. (cf. l'interdit de nommer le nom de Dieu Yahvé avec mes voyelles (Yahwé) mais de dire Yhw comme un souffle...)