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Aux yeux du père Congar, l’Église, par sa nature, est une entité eschatologique ; elle est le peuple eschatologique de Dieu en chemin. Elle doit sans cesse se dépasser historiquement dans l’Esprit Saint. Elle le fait à travers la mission et l’œcuménisme. De la même façon qu’à travers la mission elle assume de manière créative les peuples et leurs cultures, dans l’œcuménisme elle assume les dons des autres Églises. Dans les deux cas, elle est à la fois celle qui donne abondamment et qui reçoit en abondance. Ce n’est que par la mission et l’œcuménisme qu’elle devient dans le concret historique ce que, selon sa nature, elle est depuis toujours : l’una sancta catholica et apostolica ecclesia universelle. Pour Congar, contrairement à l’ancien œcuménisme du retour, l’œcuménisme est tourné non pas vers le passé mais vers l’avenir, et il est orienté vers une nouvelle forme d’Église et vers son unité comme communion. Bien sûr, dans sa plénitude, l’unité sera avant tout un don eschatologique.

En fin de compte, la forme historique future est œuvre de l’Esprit Saint ; elle ne se laisse donc pas déterminer concrètement et de manière adéquate à l’avance ; et surtout, on ne peut aucunement en fixer la date ni le moment. Étant donné que l’Esprit ne peut se contredire et que l’Église est la même dans tous les siècles, la future grande unité œcuménique s’inscrira dans la ligne de la tradition, une tradition que Congar ne conçoit évidemment pas comme un ensemble rigide de traditions particulières, mais comme l’actualisation d’une tradition vivante, soutenue et comblée par l’Esprit au cœur de l’Église.
(La théologie oecuménique d'Yves Congar - Documents Episcopat)