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Jean Noël Bezançon

Les mêmes risques, les mêmes déviances et le même narcissisme que dans l'amour humain peuvent s'observer dans la prière ou dans les expériences qui se prétendent mystiques, alors que l'Autre n'est plus l'autre mais projection et exaltation du moi.
Se regarder prier et s'aimer priant n'est pas prier. C'est pourquoi la prière, loin de se complaire en elle-même, est d'abord écoute de l'autre et accueil même de son silence, voire de son absence, afin que soit ménagés son espace d'exister et sa liberté, éventuellement, s'il le désire et comme il le désire, de prendre la parole dans les mots qui sont vraiment les siens et non ceux que j'aimerais entendre de lui.
Ainsi en est-il des Ecritures, Parole de Dieu, même dure à entendre, mais vraiment reçue de l'Autre, et non cinéma intérieur où celui qui prie fait lui-même les demandes et les réponses.
Dans l'amour comme dans la prière, qui est sans doute la forme la plus fondamentale de l'amour, si l'Autre n'est pas autre je ne suis pas moi.